Jour 9/11 : Le vintage et la seconde main
Le vintage réussit progressivement le pari de dépoussiérer l’image de la fripe. Les comptes Instagram fleurissent sur le réseau social et démocratisent la tendance : Henriette, La fripe française, Chinerie éphémère, entremains, Lapin vintage, Jeanette… Et bien sûr la marketplace Imparfaite qu’on ne présente plus. Ou encore CrushON. La seconde main aussi fait sa révolution, grâce aux sites de revente en ligne comme Leboncoin, Vinted ou la plateforme spécialisée dans le seconde main de luxe Vestiaire Collective. Évidemment, les friperies physiques (comme les dépôt-vente) ont également le vent en poupe. Pour trouver des adresses, vous pouvez télécharger gratuitement la carte du podcast Nouveau Modèle sur l’application Mapstr.
Je distingue ici vintage et seconde main. Le vintage ce sont des vêtements estampillés « valeur sûre », de qualité, plus anciens. La seconde main définit plutôt les vêtements actuels revendus sur des sites d’occasion (on peut y trouver des vêtements de fast fashion par exemple). Les fondatrices d’Imparfaite donne d’ailleurs leur définition dans cet épisode. Et sinon comment faire la différence ? « En analysant les vêtements. Lorsqu’ils sont plus anciens, il y a moins de confection : les ourlets sont faits à la main, les matières moins mélangées, les tissus plus épais. On trouve plus de tailles hautes. », répond Elle magazine.
« En 2018, pour la première fois, le business de la seconde main a atteint le milliard d’euros de chiffre d’affaires en France, note Madame Figaro. Selon une étude récente, ce marché pourrait même dépasser celui de la fast fashion d’ici à dix ans ». Le vintage s’empare donc d’un public de plus en plus large. Dans une étude de l’IFM-Première Vision, 38,7% des Français.es interrogé.es répondent avoir acheté des vêtements de seconde main en 2019 (contre 15% en 2009), et 48 % des consommateurs/consommatrices indiquent vouloir en acheter davantage dès 2020.
Les marques l’ont d’ailleurs bien compris. « Face au succès de Vinted et du vintage, le prêt-à-porter contre-attaque. Comme Petit Bateau, Weston, Camaïeu ou Cyrillus qui proposent désormais leurs propres collections de seconde main. », écrit Le Monde. Les marques récupèrent les vieux modèles de leurs client.es pour leur donner une seconde vie. Même si ce système ne rapporte pas grand chose aux entreprises, il permet surtout de proposer des produits à des prix inférieurs, et ainsi d’attirer de nouveaux consommateurs/nouvelles consommatrices.
Du côté de la mode éthique, on peut notamment citer la jolie marque Perpète de vêtements pour enfants qui souhaite offrir « de nouvelles vies et aventures aux vêtements Perpète devenus trop petits », en échange de bons d’achat. Autre exemple : Jena Bautmans, créatrice de la marque de sac vegan Jenah St, pense également à la fin de vie de ses sacs et propose à ses clientes de lui renvoyer de vieux modèles pour les transformer - par exemple - en accessoires. Sinon, Ethic2hand est un site de vente et d’achats de produits éthiques de seconde main et de fin de collections.
Comment expliquer un tel engouement ? Selon l’étude menée par l’Institut Français de la mode (IFM), le principal argument de vente de la mode de seconde main reste le prix, cité par 75 % des sondé.es, quand 45 % des personnes interrogées évoquent les questions écologiques ou éthiques.
« Cette fascination n’est pas qu’esthétique ou simplement nostalgique. Elle cache une philosophie de vie guidée par le désir de sortir de la frénésie contemporaine, de consommer moins et mieux, et de contribuer ainsi à respecter la planète. Loin d’être réactionnaire, ce mouvement dessine une manière joyeuse et hédoniste de s’engager. Et, pourquoi pas, de changer le monde. », écrivent Nathalie Dolivo et Katell Pouliquen, dans leur livre « Rétro-Cool. Comment le vintage peut sauver le monde ».
Et puis s’habiller en vintage c’est être singulier.ère, c’est refuser de porter les mêmes tenues vestimentaires que tout le monde et c’est refuser la standardisation imposée par la fast-fashion. « Cette chasse au trésor mode a aussi l'avantage de nous faire apprécier la qualité d'avant, quand on misait sur l'artisanat et qu'on préférait investir dans une belle pièce plus rarement que de posséder tout de suite des tonnes de vêtements mal conçus. », complète Terra Femina.
Enfin, pour devenir incollable sur le vintage, et trouver de l’inspiration, je vous conseille d’aller suivre les comptes des pros du vintage comme Nawal Bonnefoy et Mathilde Clauzet. Elles sauront vous guider pour appendre à dénicher la perle rare.