Jour 2/11 : Apprendre à aimer ses vêtements
Pour ce deuxième jour, j’aimerais aborder une notion essentielle : celle de l’attachement aux vêtements.
L’un des plus gros problèmes de la fast-fashion - une mode jetable dont les figures emblématiques sont Zara, H&M et toutes les grosses enseignes - c’est d’avoir standardisé le vêtement. Il est bien difficile d’aimer des habits de mauvaise qualité, que l’on retrouve en des milliers d’exemplaires. Zara par exemple produit 12 000 modèles de vêtements différents chaque année. « Un des effets de la fast-fashion est de vendre les mêmes vêtements au plus grand nombre, en très grande quantité », écrit Majdouline Sbai dans son livre « Toujours moins cher mais à quel prix ? Huit solutions pour une mode éthique ». Et puis comment aimer un vêtement fabriqué dans des conditions opaques, par des ouvrières et ouvriers payé.es une misère ? Cela me semble bien compliqué…
Pourtant, l’attachement est indispensable. Car aimer ses vêtements c’est en prendre soin. En prendre soin, c’est prendre soin de soi, de sa santé (en privilégiant des matières sans pesticides, non toxiques…), et donc de la planète. D’ailleurs, la notion de soin résonne encore plus dans le contexte actuel.
Prendre soin de sa garde-robe présente de nombreux avantages. Je ne vais pas tous les détailler ici, mais j’aimerais n’en citer qu’un. En prenant soin de vos vêtements (j’insiste sur cette notion mais nous devons vraiment réapprendre à créer du lien avec notre dressing), vous les faites durer plus longtemps. Et la durabilité est sans doute la notion la plus importante dans la mode responsable : plus vos vêtements dureront dans le temps (nous reviendrons sur la notion de qualité dans les prochains jours), moins vous aurez besoin d’en acheter et plus vous apprendrez à aimer ce que vous avez déjà dans vos placards. « Se sentir bien dans ses vêtements, c’est la condition pour en acheter moins et les garder plus longtemps », écrit Majdouline Sbai. Sans oublier que « le vêtement le plus responsable c’est celui qu’on a déjà dans nos placards », comme le rappelle très justement Orsola de Castro, l’une des figures de la mode durable, à l’origine du mouvement Fashion Revolution.
Alors, attention, je ne vous demande pas d’ « aimer » tous les vêtements que vous possédez déjà. Nous avons toutes et tous acheter, au moins une fois, une pièce pour se remonter le moral et qui a terminé en boule au fond d’un tiroir. Faites abstraction, pour l’instant, des pièces que vous ne portez plus (c’est le sujet du jour 3), et concentrez-vous sur les vêtements que vous aimez porter.
J’aimerais vous proposez un petit exercice : regardez votre dressing ou visualisez-le. Et essayez de repérer vos pièces préférées. « Il faut identifier les vêtements nous donnant le sentiment d’être nous-même en mieux », conseille Majdouline. Et je ne peux qu’adhérer à cette idée : quelles sont les pièces qui vous donnent du plaisir et pourquoi ? Quelles sont les pièces qui vous (re)donnent confiance en vous ? (Sur ce sujet de la confiance je vous conseille d’écouter les épisodes avec Louise Aubery “My better self” et avec Claire Suco de la marque Meuf Paris). Qu’ont-elles de si particulier ?
Ce dessin a été spécialement conçu - par Mage Illustrations - pour vous aider à faire la liste de vos pièces préférées (vous pouvez le télécharger). Partagez cette liste avec le hashtag #11jourschallenge et racontez-moi l’histoire de vos pièces fétiches. Car oui, nous avons noué des liens avec certains vêtements. Certains d’entre eux absorbent nos larmes, nos dépressions, ou au contraire nous redonnent le sourire. Ils ont une valeur affective, ils racontent une partie de nos vies et sont les témoins d’une époque marquante. « Ces objets sont là comme autant de repères mnésiques personnels », note l'anthropologue Thierry Bonnot dans « L'attachement aux choses » et cité dans cet article de Marie Claire. « C'est le souvenir d'une personne, d'une période de la vie, d'un lieu où l'on a connu le bonheur que l'on cherche à conserver. » Ce pull, cette chemise, ce pantalon persistent dans notre penderie et traversent le temps. Pourquoi ? Posez-vous la question !
Je vais d’ailleurs me prêter au jeu et vous raconter l’histoire d’une de mes pièces favorites : la petite blouse blanche by MaisonCléo. J’ai acheté cette pièce il y a deux ans, après avoir attendu longtemps avant de pouvoir me l’offrir. Mais la satisfaction n’en était que plus grande. Cette blouse a été fabriquée par MaisonCléo, un duo mère-fille. Je vous donne ce détail car j’ai acheté cette pièce alors que je vivais encore à New York, loin de ma famille et de ma maman. Cette histoire de mère-fille m’a donc profondément touchée. Dans cette blouse ample je me sens bien, belle, avec ses trois petits noeud qui laissent deviner le soutien-gorge. Je suis fière aussi de porter une pièce fabriquée à la main dans le Nord de la France, en coton (fibre naturelle), dans un tissu issu d’une fin de stock (utiliser du vieux pour faire du neuf). Elle me rappelle mes étés à flâner dans les rues de New York, mes après-midi ensoleillées, assise sur un banc et plongée dans un polar. Cette blouse je l’aime beaucoup et j’aimerais la porter tous les jours.
Et vous quelles sont vos pièces fétiches ?
Enfin, pour terminer ce deuxième jour, voici quelques petits conseils pour bien entretenir vos vêtements et les garder longtemps, notamment ceux que vous aimez, extraits du livre de Majdouline Sbai (une vraie source d’informations, d’ailleurs pour clôturer ce challenge de 11 jours je vous donnerai une liste de ressources pour aller plus loin si le sujet vous intéresse) : « Pour garder longtemps ses vêtements, il faut d’abord éviter d’en acheter qui soient réalisés avec des matériaux multiples (comme ceux avec des empiècements en cuir) rendant tout lavage délicat, voire impossible. Il faut bien les entretenir, en respectant les indications de l’étiquette d’entretien (lavage, séchage…). Vous trouverez des conseils pour mieux décrypter ces recommandations sur le site Comme un camion ». On privilégie aussi le lavage à 30°C, on évite le sèche-linge très énergivore et violent pour nos habits, et on opte pour les lessives écologiques (à faire soi-même, de la marque Les Petits Bidons ou au moins portant l’Ecolabel européen).