Jour 1/11 : Pourquoi adopter une garde-robe plus responsable ? 

 
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Pour ce premier jour, j’aimerais simplement vous expliquer pourquoi il est important de changer ses habitudes vestimentaires pour adopter progressivement une garde-robe plus responsable. Et d’ailleurs ça veut dire quoi « responsable » ?

Pour commencer ce challenge, commençons déjà par rétablir une vérité : la mode n’est pas la deuxième industrie le plus polluante au monde. Et laissez moi insister - comme le ferait la journaliste américaine Alden Wicker (et créatrice d’Ecocult), l’une des premières à avoir relevé cette ineptie - la mode n’est PAS la deuxième industrie la plus polluante au monde. Cette phrase choc n’a aucun sens. D’abord parce qu’il est très compliqué de quantifier l’ensemble de la pollution créée par l’industrie textile. Et puis parce que la deuxième par rapport à quoi ? Personne ne le sait. 

Par contre, la mode contribue beaucoup au réchauffement climatique. Ça, c’est une certitude. L’industrie textile émet 1,2 milliards de tonnes de gaz à effet de serre chaque année, soit davantage que le transport maritime et aérien international. Du champ à la boutique, un jean peut parcourir jusqu’à 1,5 fois le tour de la Terre (65 000 km). Le textile est aussi le 3ème secteur consommateur d’eau dans le monde et 4% de l’eau potable disponible est utilisée pour produire nos vêtements. Pour fabriquer un t-shirt en coton, il faut l’équivalent de 70 douches. Oui, vous avez bien lu, 70 douches ! Et pour faire le lien entre l’eau et la pollution, selon une enquête menée en 2011 par Greenpeace, 70% des eaux de surface en Chine sont polluées à cause de l’industrie textile. 

Je préfère m’arrêter là. Les informations négatives ne réussiront pas seules à faire changer nos habitudes de consommation. J’en suis bien consciente, mais ne soufflez pas trop vite, car la pollution n’est pas le seul problème lié à cette industrie. Vous voyez où je veux en venir : pour fabriquer des vêtements il faut de la main d’oeuvre, souvent des ouvrières exploitées à l’autre bout de la planète. Au Cambodge par exemple, une ouvrière travaille six jours sur sept, douze heures par jour, sans congés payés, pour 100 euros par mois après des années d’expérience. L’organisation Fair Wear Foundation, qui a décomposé le coût d’un t-shirt fabriqué au Bangladesh estime que 0,6% du coût global du vêtement revient à la main d’oeuvre. Cette fois, promis, j’arrête de vous assommer avec ces chiffres alarmants. Si vous voulez en savoir plus sur le sujet, je vous invite à écouter cet épisode avec Nayla Ajaltouni, la coordinatrice du collectif Ethique sur l’étiquette qui agit en faveur du respect des droits humains. 

Dernière chose avant de vous parler de mode RESPONSABLE, je n’ai pas choisi les dates de ce challenge au hasard. Et non, cela n’a rien à voir (ou presque) avec le confinement. Ces 11 jours se termineront lors de la Fashion Revolution Week (qui a lieu du 20 au 26 avril 2020), une semaine dédiée à l’éducation des consommateurs et consommatrices sur les dérives de l’industrie textile. Et le challenge que je vous propose prendra fin précisément le 24 avril, sept ans après l’effondrement de l’usine du Rana Plaza (le 24 avril 2013), qui a fait plus de 1200 morts et plus d’un milliers de blessés. Ce bâtiment abritait des ateliers de confection pour des marques comme Mango, Benetton et bien d’autres. 

Pour finir, et c’est peut-être le point le plus important, j’aimerais vous donner une définition de la mode responsable ou éthique. Il s’agit d’une mode qui prône le respect des femmes et des hommes, de la planète et de soi. Respect des droits humains, salaires décents sur toute la chaîne de production, engagement social (comme Panafrica, Rive Droite, Meuf…), matières naturelles limitant l’utilisation de pesticides et de perturbateurs endocriniens (nocifs pour notre santé et pour la planète), une mode qui se base sur l’upcycling et l’économie circulaire pour limiter l’impact environnemental (utiliser de l’ancien pour faire du neuf, comme Les Récupérables, Gaëlle Constantini, Salut Beauté, Adapta…), le recyclage (comme Au Juste), le vintage (comme Henriette ou Imparfaite) ou encore une production locale française (comme Admise, Laines Paysannes…). Consommer moins mais mieux grâce à des vêtements durables. Produire moins mais mieux. Ralentir. Tout simplement. 

Sources :