Jour 4/11 : Que faire des pièces mises de côté ?

 
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Qui n’a jamais rangé au fond d’un placard une chemise dépourvue d’un bouton ? Un pull troué ?  Un pantalon à l’ourlet défait ? Normalement, après avoir suivi le challenge du jour 3, tous ces vêtements sont désormais dans un carton. Mais que faire de toutes ces pièces que vous ne portez plus ? Voici quelques idées pour vous aider à leur donner une seconde vie.

1.Réparer et customiser ses vêtements 

Déjà, on se munit d’un kit de couture (une aiguille, du fil et une paire de ciseaux). Ensuite, on regarde ces vidéos pour apprendre à recoudre un bouton, à faire un ourlet ou à réparer une déchirure. Ces tutoriels pédagogiques de la marque La Gentle Factory permettent de maîtriser les bases de la couture et de lutter contre le gâchis. Même chose pour les chaussettes trouées on ne les jette pas et on regarde les conseils de Tilli (service de couturières et couturiers à domicile) pour les raccommoder. Sinon, pour les cas les plus désespérés, vous pouvez toujours les donner à la marque Chaussettes Orphelines qui les utilisent pour en fabriquer de nouvelles paires. 

Pour upcylcer vos vêtements (utiliser du vieux pour faire du neuf), vous pouvez aussi laisser parler votre personnalité, en créant par exemple un chouchou sans machine à coudre à partir d’un t-shirt trop grand, trop petit ou abîmé ; ou en créant des cotons démaquillants lavables. Vous pouvez aussi décider de vous lancer dans de plus grands projets de couture grâce à ces patrons gratuits (vous trouverez des patrons pour coudre une robe porte-feuille, de la lingerie ou même des vêtements pour vos enfants), en transformant un vieux jean en short, ou en transformant une vieille chemise en jupe ou en robe (retrouvez ici 8 façons de transformer une vieille chemise). Le site de Marie-Claire regorge d’idées, cet article répertorie une dizaine de tutoriels pour réutiliser des chutes de tissus. Vous pouvez également vous inspirer des patrons payants de la marque Make my Lemonade, et des cours gratuits de couture, broderie, tricot ou crochet disponibles sur le site Artesane.

Sinon, pour les plus fainéant.es d’entre vous, attendez la fin du confinement pour faire appel aux services de Tilli : les couturières et couturiers se déplacent à domicile pour réparer vos vêtements, du plus petit trou à l’ourlet, en passant par une ceinture trop serrée, jusqu’à la broderie. 

2.Teindre ses vêtements 

Il y a un an je me suis retrouvée avec un t-shirt aux manches tâchées. Impossible de les faire partir et croyez-moi, j’ai tout essayé. Alors j’ai coupé grossièrement les manches pour en faire un débardeur de plage. Quel gâchis, j’aurais mieux fait de le teindre entièrement avec des colorants naturels. 

Les teintures classiques contiennent des substances chimiques et sont donc polluantes pour l’environnement et dangereuses pour la santé. Une étude intitulée « Les Dessous toxiques de la Mode » et menée en 2011 par Greenpeace sur 20 marques (dont Zara, Nike, Levi’s, ou encore C&A), a révélé la présence de produits toxiques polluants dans les vêtements. Et parmi ces produits, on peut notamment citer les colorants azoïques, une substance cancérogène utilisée pour la teinture. Si le sujet vous intéresse, je vous recommande d’écouter cet épisode avec la styliste et créatrice Marie Labarelle (pour les teintures naturelles) ou celui avec Agathe Lecaron (sur les perturbateurs endocriniens et les vêtements pour enfants).

Pour en revenir à nos moutons, si vous souhaitez teindre vos vêtements naturellement, vous aurez besoin d’une casserole ou marmite (pas en aluminium), d’une cuillère en bois, d’une balance, de l’alun ou vinaigre blanc et des végétaux (les pelures d’oignon ou le curcuma donneront du jaune, des fleurs de lavande du bleu, de l’avocat du rose, des épinards du vert et du thé du beige). Retrouvez toute la marche à suivre dans cet article

Évidemment pour les petites tâches vous pouvez toujours utiliser du bicarbonate de soude, du vinaigre blanc ou du jus de citron.

3.Donner ou vendre ses vêtements 

Certain.es d’entre vous préféreront sans doute donner leurs vêtements. D’abord, pensez à vos ami.es, ils/elles seront peut-être ravi.es de récupérer ces pièces. Vous pouvez aussi organiser un vide-dressing ou un troc maison (échange de vêtements) si le coeur vous en dit. Au jour 3, je vous parlais des pièces sentimentales : le don ou le troc entre ami.es est, selon moi, la meilleure alternative pour donner une seconde vie aux pièces qu’on ne porte plus mais qui ont une certaine valeur. Ses pièces restent, en quelque sorte, “dans la famille”.

Sinon, tournez-vous vers les dépôts-ventes. Vous pouvez trouver quelques adresses sur la carte Mapstr Nouveau Modèle, téléchargeable gratuitement, et qui vous donnera accès à toutes les boutiques de mode responsable, y compris les dépôts-ventes, répertoriées. 

Vous pouvez aussi vendre vos vêtements sur des sites spécialisés comme Le Bon Coin, Vide dressing, Vestiaire Collective ou le vide-dressing nouvelle génération Joiia. Je vous conseille également la très belle initiative Le Dressing Solidaire en ligne, une plateforme de vide-dressing dont l’objectif est d’aider les personnes en insertion habitant l’Île de France à remplir leur dressing de tenues pour se rendre à un entretien ou faire leurs premiers pas en entreprise. Personnellement je ne recommande pas Vinted, entre les questions incompréhensibles et insistantes de certaines acheteuses et la multitude de vêtements bon marché, je n’adhère pas à l’esprit du site (mais ce n’est que mon avis). 

Enfin, vous pouvez donner vos vêtements et les déposer dans un point de collecte répertorié sur le site La fibre du tri : il y en a plus de 45 000 dans toute la France entre les associations, les boutiques ou les conteneurs Le Relais. Pensez aussi aux associations comme La Cravate Solidaire qui collecte tout ce qui constitue une tenue professionnelle, Emmaüs, Le Secours Populaire, La Croix Rouge ou Tissons la Solidarité.

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Voici un schéma* qui illustre le trajet des vêtements collectés. Nous verrons au jour 5 comment choisir correctement ses vêtements afin d’éviter de s’en débarrasser.

D’après le schéma ci-dessus, une part importante des vêtements collectés sont destinés à l’export. Sauf que certains finissent dans des décharges au Ghana. « « 40 % des vêtements, venus du Nord global au nom de la réutilisation et du recyclage, finissent dans les décharges à ciel ouvert ou dans l’océan dans les deux semaines suivant leur arrivée », explique Liz Ricketts, la co-fondatrice de The Oris Foundation dont l’initiative Dead White Man’s Clothes entend lutter contre l’utilisation du Ghana comme déchetterie du textile occidental.», peut-on lire dans cet article. Et l’impact environnemental de ces décharges et déchets textiles est catastrophique.

Le coût humain est lui aussi dramatique. Derrière ces vêtements, « il y a des histoires de femmes, plus précisément celle des "Kayayei", les porteuses. C’est sur leurs têtes que transitent les kilogs de vêtements, voyageant sur plusieurs kilomètres et ce toutes les semaines. » Très mal payées pour ce travail, elles « deviennent vulnérables aux violences sexuelles et aux maladies. », détaille l’article.

Cette triste réalité est le résultat de notre surconsommation de vêtements. Nous avons donc toutes et tous un rôle à jouer en prenant soin de nos vêtements pour qu’ils durent le plus longtemps possible.  

*Source : « Mode responsable : le guide pour agir » écrit par Deloitte Développement Durable